*** KERGUELEN ***

Réponse… Enigme 166 – Le Mystère de nos bords de routes…

     Eh bien aussi surprenant que cela puisse être ce n’est pas du tout pour faire de l’ombre aux chevaux ou bien aux occupants des calèches, comme chacun l’imagine aussitôt. Non, le bon roi Henri II avait pris cette décision pour faire des économies, tout aussi bizarre que cela puisse paraître. En effet, dans ces époques toujours guerrières, l’Etat (c’est à dire le Roy et ses ouailles : son armée…) devait dépenser beaucoup d’argent pour construire des navires, des canons, des machines de guerres, des palissades de défense… Et tout cela consommait beaucoup de bois noble. Bois, que la royauté payait chèrement à ses fournisseurs car il devait acheter forts chers, des droits d’affouage* aux nobles seigneurs, possesseurs de forêts immenses.

Les routes étant du domaine public, il suffirait alors de planter les essences d’arbres nécessaires à la construction des navires, des affûts de canons et des défenses. Plantations faites désormais le long de ces routes et voies de communications étatiques. Ainsi le bois récolté ne coûterait plus rien à son Eminence Henri II, ni à son armée. Il suffirait alors d’exploiter ses propres domaines boisés : les routes souveraines de son Royaume.

     Parmi les rois et ministres des finances qui se succédèrent à la tête du Royaume de France, de nombreux souverains poursuivirent ces plantations très rentables pour les finances publiques. De plus, la plantation de ces grands arbres amenait un autre avantage, non prévu au départ, c’est que les racines de ces arbres stabilisaient particulièrement bien les berges et les fossés de drainages nécessaires le long de ces routes. En prime, ils procuraient aussi de l’ombre l’été par forte chaleur… Que d’avantages en somme mais qui n’étaient en rien la véritable cause de leur présence sur le bord de nos voies de communications régaliennes, à leur création.

     Ainsi aujourd’hui encore les bords de notre réseau routier sont toujours plantés d’arbres majestueux. Mais ceux-ci ne servent plus comme d’antan à fabriquer des navires, des affûts de canons, des ponts-levis ou des catapultes… Non, de nos jours ils deviennent même gênants car il faut sans cesse agrandir les voies de circulation. Dans certains endroits, ils sont même devenus accidentogènes…

Ainsi vont les époques et nul ne peut arrêter l’évolution du temps.

* Droits d’Affouage : droits donnés (gratuitement, loués ou vendus), permettant à une personne, un organisme ou une commune d’exploiter le bois, les arbres d’une forêt sans en être le propriétaire. Droit toujours en vigueur aujourd’hui dans nos campagnes profondes et les grands domaines forestiers nationaux.

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