Réponse… Enigme 152 – L’énigme du temps dilaté ou raccourci…

     Eh bien non, en suivant la course du soleil, les heures écoulées à bord d’un mobile se déplaçant sans cesse, ne peuvent pas durer 60 minutes (elles vont s’allonger en allant vers l’Ouest – et l’inverse : raccourcir si vous alliez vers l’Est). C’est le cas pour tous les êtres vivants se déplaçant en longitude sur notre planète.

     Une heure, vécue sur le plancher des vaches, dure obligatoirement 60 minutes donc, mais ne pourra s’appliquer qu’à une personne vivant exclusivement dans une même zone géographique (autrement dit, ne sortant pas de son fuseau horaire). Mais pour un avion de ligne (ou un bateau au long cours, idem) pour tout mobile franchissant des fuseaux horaires les uns après les autres, il ne pourra en être de même. Il faudrait effectuer un calcul pour connaître très exactement la durée d’une heure de vie "dans ce mobile". Durée qui sera fonction du sens de rotation par rapport à la course du soleil mais aussi de la vitesse de déplacement du mobile lui-même (l’avion dans notre cas). Ceci serait vrai et vérifié, quelle que soit la vitesse de déplacement du mobile d’ailleurs.

Un exemple précis en reprenant notre énoncé de départ…

     Dans un avion de ligne allant à 840 km/h vers l’Ouest, celui-ci va donc parcourir en une heure 7,5° de longitude sur la Terre alors que dans le même temps le soleil lui, va parcourir 15° . Si l’on arrondit toutes nos valeurs pour une facilité de compréhension, 40100 Km / 360° = 112 km par degré sur l’équateur (et 7,5° X 112 = 840 km).

     Durant ce même temps le soleil lui se déplace à 1680 km/h (15° /h) soit le double très exactement de la vitesse de notre avion. Au bout d’une heure de vol vers l’Ouest, à bord, nos passagers auront eut une heure dilatée qui aura duré en réalité beaucoup plus par rapport au soleil :

7,5° / 15° ou encore : 840 / 1680 = 0,5 h de plus, soit 30 minutes. Chaque heure "de vie en vol", devra donc être comptée pour 1h30 en allant vers l’Ouest à 840 km/h (en réalité au lieu de 1 h). Ceci pour rester synchrone avec le fuseau horaire traversé.

Un autre exemple cette fois en voilier…

     Un voilier quitte la France à destination des Antilles. Il va vers l’Ouest à la vitesse de 5 Nds et parcourt 120 milles nautiques en 24 heures (24 X 5 = 120 Nm), soit la distance couverte de 2° en longitude. Ses journées ne vont donc pas durer 24h pour lui non plus. Il suit la course du soleil, même s’il va lentement. Ses journées, en supposant sa vitesse constante, dureront…

2° / 15° ou encore 222 / 1680 (ou 120 Nm / 900 Nm) = 0,13 h soit 7’48" de plus (on peut arrondir à 8 minutes). Une heure passée en navigation ininterrompue (à la voile et à 5 Nds) vers l’Ouest durera donc 60 + 8 = 68 minutes.

Tout ceci explique donc le pourquoi du décalage horaire si marqué et si fastidieux, dès lors que l’on se déplace loin, en longitude sur la planète. Il faut que l’organisme se re-adapte aussitôt au cycle circadien auquel tout être vivant est "soumis et attaché" durant toute sa vie. Quand on se déplace vers l’Ouest, on doit rallonger nos heures vécues et, à l’inverse, vers l’Est, il faut les raccourcir d’autant pour se retrouver toujours en phase avec le soleil et synchrone avec le fuseau horaire du nouveau lieu de vie. C’est le fameux Jet-lag, si pénible en avion, sur les longs courriers. Le temps est donc dilaté, allongé ou raccourci.

Sur un bateau ou un voilier, ce jet-lag se gère et s’absorbe beaucoup plus facilement du fait de cette lenteur de déplacement. L’organisme arrive à s’en accommoder d’une petite partie chaque jour. C’est loin d’être le cas sur nos avions de ligne, très rapides.

Dernier exemple plus surprenant encore, la station spatiale internationale…

    Pour un spationaute vivant à bord de la station orbitale ISS (va vers l’Est), par exemple, une heure de vie durera très exactement 3 minutes et 45 secondes. Cela paraît complètement dingue, pourtant, c’est bien leur cas, à bord des véhicules orbitaux et de la station habitable ISS. On comprend d’ailleurs aisément pourquoi, après un long séjour dans l’espace, il y a de quoi être complètement « déboussolé » (c’est le cas d’un Russe, Sergueï Krikaliov qui y séjourna 15 mois d’affilée, le record actuel de vie "extra terrestre").

Explications : la station spatiale fait le tour de la Terre en 90 minutes soit 5400 secondes.

Divisé par 24 h cela donne 5400 / 24 = 225 s soit 3’45" « l’heure ». Ce qui veut dire que, concrètement, un spationaute voit sa journée (au soleil donc) durer 45 minutes, qui sera suivi d’une nuit aussi égale de 45 minutes. Il passera également d’un hémisphère à l’autre sans arrêt toutes ces 45 minutes. La trajectoire de l’ISS, projetée à plat sur une carte papier, donnera cette fameuse sinusoïde passant par des extrêmes Nord et Sud à 53° de latitude N ou S. Elle tourne en apparence vers l’Est et arrivera donc sur l’horizon toujours du secteur Ouest, pour un observateur au sol (entre NW et SW ).

La vie de spationaute n’est donc pas de tout repos !

Ceci est un bon exemple de la relativité des choses.

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